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Mais moi, je donne ma voix
        À ce mois
Qui prend le surnom de celle
Qui, de l’écumeuse mer,
        Vit germer
Sa naissance maternelle.


Rémy Belleau.


MIGNONNE, ALLONS VOIR SI LA ROSE[1]


Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe, de pourpre au soleil
A point perdu cette vêprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las ! las ! ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puisqu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.


Ronsard.
  1. Voir la musique au supplément.