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C’est toi, courtois et gentil,
        Qui d’exil
Retires ces passagères,
Ces arondelles qui vont,
        Et qui sont
Du printemps les messagères.

L’aubépine et l’églantin,
        Et le thym,
L’œillet, le lis et les roses
En cette belle saison,
        À foison,
Montrent leurs robes écloses.

Le gentil rossignolet
        Doucelet,
Découpe dessous l’ombrage,
Mille fredons babillards,
        Frétillards,
Au doux chant de son ramage.

C’est à ton heureux retour
        Que l’amour
Souffle, à doucettes haleines
Un feu croupi et couvert
        Que l’hiver
Recelait dedans nos veines.

Tu vois, en ce temps nouveau,
        L’essaim beau
De ces pillardes avettes
Voleter de fleur en fleur,
        Pour l’odeur
Qu’ils mussent en leurs cuissettes.

Mai vantera ses fraîcheurs,
        Ses fruits mûrs,
Et sa féconde rosée,
La manne et le sucre doux,
        Le miel roux,
Dont sa grâce est arrosée.