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Mon Dieu, que j’ai de liesse
D’ouïr les divers accords
Que prononce ma déesse
Quand sur son giron je dors !

Jamais voix d’une Sirène
Ne fut si douce à ouïr
Que la sienne souveraine
Qui tant me fait réjouir.

Et suis certain que la blonde
De son chant mélodieux
Et de sa douce faconde
Endormirait tous les dieux.

Étant penché dessus elle
Comme Vénus sur Adon,
Tout en plaisir je sommeille
Comme Ascane sur Didon.

Ainsi sommeillait Lucine
En éternelle union
Sur la bouchette doucine
De son doux Endymion.

Ainsi prend ma damoiselle
Sur ma face son repos,
Puis quand elle se réveille
Elle me tient ces propos :

Ma barbelette dorée,
Mon miel et mon sucre doux,
Ma douce manne éthérée,
Serez-vous pas mon époux ?

Vous savez que mariage
Nous est ordonné de Dieu
Pour croître l’humain lignage
Dessus ce terrestre lieu.

Je n’ai eu jamais envie
D’autre mari me pourvoir
Que vous, mon bien et ma vie,
S’il vous plaît me recevoir.