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Le brave Islandais, sans murmure,
Jette la ligne et le harpon :
Puis dans un relent de saumure,
Il se couche dans l’entrepont…
              Et le pauvre gas
              Soupire tout bas :
« Je serions ben mieux à mon aise,
« Devant un joli feu d’ajonc,
« A côté de la Paimpolaise
« Qui m’attend au pays breton ! »

Mais, souvent, l’Océan qu’il dompte
Se réveille, lâche et cruel ;
Et, lorsque le soir on se compte,
Bien des noms manquent à l’appel…
              Et le pauvre gas
              Fredonne tout bas :
« Pour combattre la flotte anglaise
« Comme il faut plus d’un moussaillon,
« J’en caus’rons à ma Paimpolaise,
« En rentrant au pays breton ! »

Puis, quand la Vague le désigne,
L’appelant de sa grosse voix,
Le brave Islandais se résigne
En faisant un signe de croix…
              Et le pauvre gas,
              Quand vient le trépas,
Serrant la médaille qu’il baise,
Glisse dans l’Océan sans fond
En songeant à la Paimpolaise
Qui l’attend au pays breton !…

Théodore Botrel.