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LE GRAND MÉTINGUE
DU MÉTROPOLITAIN


C’était hier, samedi, jour de paye,
Et le soleil se levait sur nos fronts.
J’avais déjà vidé plus d’un’ bouteille,
Si bien qu’j’m’avais jamais trouvé si rond.
Vlà la bourgeois’ qui rappliqu’ devant l’zingue :
« Feignant, qu’ell’ dit, t’as donc lâché l’turbin ? »
Oui, que j’réponds, car je vais au métingue,
Au grand métingu’ du métropolitain !

Les citoyens dans une élan sublime
Étaient venus guidés par la raison.
A la porte, on donnait vingt-cinq centimes
Pour soutenir les grèves de Vierzon.
Bref, à part quat’ municipaux qui chlingue
Et trois sergots déguisés en pékins,
J’ai jamais vu de plus chouette métingue
Que le métingue du métropolitain !

Y avait Basly, le mineur indomptable,
Camélinat, l’orgueille du pays…
Ils sont grimpés tous deux sur une table,
Pour mettre la question sur le tapis.
Mais, tout à coup, on entend du bastringue ;
C’est un mouchard qui veut fair’ le malin !
Il est venu pour troubler le métingue,
Le grand métingu’ du métropolitain !

Moi j’tomb’ dessus, et pendant qu’il proteste,
D’un grand coup d’poing, j’y renfonc’ son chapeau.
Il déguerpit sans demander son reste,
En faisant signe aux quat’ municipaux.