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Pendant que la foule, autour d’eux,
Regarde, frissonnante et pâle,
Dans un accouplement hideux,
L’homme crache son dernier râle.

Car ses amants, claquant du bec,
Tués dès la première épreuve,
Ne couchent qu’une fois avec
        La veuve.

Cynique, sous l’œil du badaud,
Comme, en son boudoir, une fille,
La veuve se lave à grande eau,
Se dévêt et se démaquille.
Impassible, au milieu des cris,
Elle retourne dans son bouge.
De ses innombrables maris
Elle porte le deuil en rouge.

Dans sa voiture se hissant,
Gouge horrible, que l’homme abreuve
Elle rentre cuver son sang,
        La veuve.

30 août 1887.

Jules Jouy.


(E. Bourbier. Éditeur., 11. rue du Croissant, Paris.)