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Oui, je t’adore ou sérieuse ou folle
Et je comprends tes écarts de pudeur,
Sachant fort bien qu’un peu de gaudriole
Ne peut pas nuire aux vertus de ton cœur.

A la caserne, adorable diablesse,
On applaudit à tes lazzi souvent ;
Mais on te trouve et grave et sans faiblesse
Quand il s’agit de marcher en avant !

J’aime ton vers railleur et satirique
Stigmatisant un pouvoir détesté ;
J’aime ta voix sur la place publique
Faisant entendre un cri de liberté.

Ne fus-tu pas, fougueuse Marseillaise,
Au premier rang pour combattre les rois,
Quand sans respect la royauté française
Foulait aux pieds et le peuple et les lois ?

Ne fus-tu pas sublime d’héroïsme
Quand la Patrie, un jour, fut en danger ;
L’enivrement de ton patriotisme
Sauva Paris du joug de l’étranger.

Viens, ma chanson, ma sœur en espérance,
Sous la charmille où je bois mon vin frais ;
Nous trinquerons à l’amour, à la France,
En étant fiers d’avoir un cœur français !

Paul Avenel.

(Extrait de Chants et Chansons. A. Quantin, Éditeur. Paris.)