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MON MARI M’A DIFFAMÉE


Mon mari m’a diffamée
Pour l’amour de mon ami,
De la longue demeurée
Que j’ai faite avecque lui.
        Hé ! mon ami
En dépit de mon mari
Qui me va toujours battant,
Je ferai pis que devant.

Aucunes gens m’ont blâmée,
Disant que j’ai fait ami :
La chose très fort m’agrée,
Mon très gracieux souci.
        Hé ! mon ami,
En dépit de mon mari
Qui ne vaut pas un grand blanc[1],
Je ferai pis que devant.

Quand je suis la nuit couchée
Entre les bras de mon ami,
Je deviens presque pâmée
Du plaisir que prends en lui.
        Hé ! mon ami,
Plût à Dieu que mon mari
Je ne visse de trente ans !
Nous nous donrions du bon temps.

Si je pers ma renommée
Pour l’amour de mon ami,
Point n’en dois être blâmée,
Car il est coincte et joli.
        Hé ! mon ami,
Je n’ai bon jour ni demi
Avec ce mari méchant.
Je ferai pis que devant.

  1. Monnaie d’argent.