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un enfant

 
De Bara, de Viala, le sort nous fait envie :
               Ils sont morts, mais ils ont vaincu ;
Le lâche, accablé d’ans, n’a point connu la vie :
               Qui meurt pour le peuple a vécu.
               Vous êtes vaillants, nous le sommes,
               Guidez-nous contre les tyrans ;
               Les Républicains sont des hommes,
               Les esclaves sont des enfants.


une épouse


Partez, vaillants époux, les combats sont vos fêtes,
               Partez, modèles des guerriers ;
Nous cueillerons des fleurs pour en ceindre vos têtes,
               Nos mains tresseront vos lauriers,
               Et si le temple de Mémoire
               S’ouvrait à vos mânes vainqueurs,
               Nos voix chanteront votre gloire,
               Nos flancs porteront vos vengeurs.


une jeune fille


Et nous, sœurs des héros, nous qui de l’hyménée
               Ignorons les aimables nœuds,
Si pour s’unir un jour à notre destinée,
               Les citoyens forment des vœux,
               Qu’ils reviennent dans nos murailles,
               Beaux de gloire et de liberté,
               Et que leur sang, dans les batailles,
               Ait coulé pour l’égalité.


trois guerriers


Sur le fer, devant Dieu nous jurons à nos pères,
               A nos épouses, à nos sœurs,
A nos représentants, à nos fils, à nos mères,
               D’anéantir les oppresseurs !
               En tous lieux, dans la nuit profonde,
               Plongeant l’infâme royauté,
               Les Français donneront au monde
               Et la paix et la liberté !

Marie-Joseph Chénier.
(Musique de Méhul.)