Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Dans le souci tu vois l’emblème
Des chagrins de mon triste cœur.
Ces trois fleurs, que ma bouche presse,
Seront humides de mes pleurs ;
Qu’elles te rappellent sans cesse
Et nos amours et nos douleurs. »

Elle dit, et par la fenêtre
Jette les fleurs à son amant.
Alphonse, qui vient à paraître,
Le force de fuir tout tremblant.
Lautrec part, la guerre commence
Et s’allume de toutes parts.
Vers Toulouse l’Anglais s’avance,
Et brûle déjà ses remparts.

Sur ses pas Lautrec revient vite :
À peine est-il sur le glacis,
Qu’il voit des Toulousains l’élite
Fuyant devant les ennemis ;
Un seul vieillard résiste encore,
Lautrec court lui servir d’appui ;
C’était le vieux père d’Isaure,
Lautrec est blessé près de lui.

Hélas ! sa blessure est mortelle !
Il sauve Alphonse, et va périr.
Le vieillard fuit, Lautrec l’appelle
Et lui dit avant de mourir :
— Cruel père de mon amie,
Tu ne m’as pas voulu pour fils !
Je me venge en sauvant ta vie.
Le trépas m’est doux à ce prix.

« Exauce du moins ma prière,
Rends les jours de Clémence heureux,
Dis-lui qu’à mon heure dernière
Je t’ai chargé de mes adieux ;
Reporte-lui ces fleurs sanglantes,
De mon cœur le plus cher trésor,
Et laisse mes lèvres mourantes
Les baiser une fois encor. »

Florian.