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ROMANCE D’ALEXIS[1]


    Alexis depuis deux ans
        Adorait Glycère.
    Il cachait depuis ce temps
        Ses tendres sentiments.
Un jour il aperçut la mère
Qui dans la plaine travaillait.

Il vole aux pieds de la bergère
Pour lui conter ce qu’il souffrait.

Bis.


    Il frappa bien doucement ;
        Elle ouvrit la porte.
    Ah ! dit-il, un seul moment
        Écoutez mon tourment !
— Non, non, fuyez, répondit-elle,
Par votre amour vous me charmez ;

Mais voyez ma frayeur mortelle
Et laissez-moi si vous m’aimez.

Bis.


    Eh bien, je vous obéis,
        Ô vous que j’adore.
    Si vous aimez Alexis,
        Tous ses maux sont finis.
Mais jurez-moi qu’avant l’aurore,
En faisant paître nos moutons,

Nous nous dirons cent fois encor
Que pour toujours nous nous aimons.

Bis.


    La peur fit qu’elle jura
        D’aller sur l’herbette.
    Il prit sa main, la baisa,
        Et puis s’en alla.
Le lendemain, la bergerette
Voulut accomplir son serment.

Hélas ! on dit que la pauvrette
Perdit son cœur en s’acquittant.

Bis.
(Musique de Jean-Jacques Rousseau.)
  1. Voir la musique au supplément.