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AH ! VOUS DIRAI-JE, MAMAN ?


Ah ! vous dirai-je, maman,
Ce qui cause mon tourment ?
Depuis que j’ai vu Silvandre
Me regarder d’un air tendre,
Mon cœur dit à tout moment :
Peut-on vivre sans amant ?

L’autre jour, dans un bosquet
Il me cueillait un bouquet ;
Il en orna ma houlette,
Me disant : Belle brunette,
Flore est moins belle que toi,
L’amour moins épris que moi.

Je rougis et par malheur
Un soupir trahit mon cœur ;
Le cruel, avec adresse,
Profita de ma faiblesse :
Hélas ! maman, un faux pas
Me fit tomber dans ses bras.

Je n’avais pour tout soutien
Que ma houlette et mon chien ;
Amour, voulant ma défaite,
Écarte chien et houlette :
Ah ! qu’on goûte de douceur
Quand l’amour prend soin d’un cœur !

(Début du XVIIIe siècle.)