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point, je la priai seulement avec ce ton d’insolence ordinaire à des personnes de notre profession, de me faire de la place. Cette dame, qui était extrêmement modeste, me répondit que je tombais mal, qu’il me fallait prendre une loge pour moi seule. — Oh ! que non, madame, je serais privée du plaisir de votre compagnie.

En prononçant ces mots, je passai insolemment dans la banquette, où, pendant le spectacle, j’insultai cette dame, qui était si simplement mise que je la prenais pour une femme de chambre, et pour la punir de ce qu’elle se trouvait avec moi, je résolus de la faire enrager, Tantôt je lui cachais la vue de la scène, tantôt je lui marchais sur le pied par une distraction apparente ; je poussai ce jeu si loin que le parterre s’en aperçut. On rit beaucoup à nos dépens, c’est ce qui me fit dire à la dame inconnue en sortant : Sans avoir affiché de comédie, vous venez, madame, d’en donner une fort belle. Je revins fort tranquillement à la maison l’esprit plein de la pauvre dame, que je m’applaudissais hautement d’avoir fait endêver. Deux jours après un exempt vint m’avertir charitablement de décam-