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m’a placée, ainsi qu’on le verra bientôt.

Je remarquai que chaque fois que j’allais à l’église j’étais constamment suivie par un drôle dont l’air seul annonçait déjà quel personnage c’était. Je ne songeai point du tout à lui, lorsqu’un jour il m’adressa la parole dans le sanctuaire ; il se pencha à mon oreille et me dit que j’étais bien aimable et que si je voulais il me ferait ma fortune.

Il en resta là pour la première fois, mais qu’on s’imagine toutes les réflexions que ce peu de mots me fit faire. Je fus quelques jours sans revoir mon individu, ce qui ne manqua pas de m’inquiéter beaucoup ; enfin il vint un dimanche au même endroit me demander si j’avais un peu réfléchi à ce qu’il m’avait proposé. Je lui répondis que je n’y avais rien compris ; mais en peu de mots il m’eut bientôt mis au fait et éclairci le mystère.

Il dit entre autres que si je voulais quitter ma maîtresse, il me mettrait bien vite en état de pouvoir mépriser toutes les conditions du monde, puis il me demanda un rendez-vous, que je lui accordai pour le lendemain au marché d’Aguesseau ; je