m’établir ? Nenni, je suis trop bien instruite
pour le faire. Sœur Prudence, pendant
mon séjour au couvent, m’avait conseillé,
lorsque j’en sortirai, d’aller à Paris.
C’est là qu’une putain est véritablement
libre. Cette bonne fille était trop de mes
amies pour que je ne la crusse pas. Je pris
donc le parti de me rendre à Paris. Je fus
chercher en arrivant un lit à St-Gervais,
au Marals[ws 1], où je restai trois jours et trois
nuits comme c’est la coutume. Pendant le
séjour que j’y fis, je cherchai condition ;
je ne trouvai qu’une vieille mégère, qui
m’offrit très-peu de chose, qu’il fallait
cependant accepter ou me résoudre à
mourir de faim. La nécessité seule me fit
entrer chez elle ; car je n’étais point faite
pour sympathiser avec cette bonne vieille,
dont l’unique et journalière occupation
était de prier Dieu. Ce métier m’ennuyait
d’autant plus que je sortais d’une maison
où je l’avais déjà fait malgré moi, et ma
maîtresse m’entraînait toujours avec elle
quand elle allait à l’église. Je me sais cependant
bon gré d’y avoir été assidument,
puisque si je ne l’avais pas fait, je n’aurais
jamais été dans l’état brillant où la fortune
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