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bras : il est vrai qu’elle était ingénieuse à m’en procurer, le godmiché de nouvelle espèce qu’elle inventa est une preuve convaincante de ce que j’avance.

Nous nous servions depuis longtemps de godmiché tel que tout le monde le connait, je le lui mettais et sœur Prudence me rendait la pareille ; mais nous ne pouvions ressentir toutes deux le même plaisir en même temps ; c’était là cependant ce que nous aurions voulu.

Que fit sœur Prudence ? Elle donna ordre à un ferblantier de lui faire son godmiché long de seize pouces, qui fut terminé par deux têtes de vit avec un ressort dans le milieu, qui du même coup fit couler dans les deux matrices le lait qu’on devait mettre dedans. Le ferblantier intelligent s’acquitta parfaitement bien de sa commission. La sœur revêtit le fer blanc d’un velours cramoisi, sur lequel elle attacha le plus de poils qu’elle put ; on voit par cette attention avec quel soin sœur Prudence étudiait et suivait la nature ; tout cela fut fait en moins de huit jours ; le moment de l’épreuve vint, qu’il fut doux pour la nonne et pour moi ! C’était