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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

profil ! Et je vais voir, tout près, en tête à tête, l’original de ce magnifique tableau ! Mon trac me reprend.

Tout à coup, une porte de côté s’ouvre brusquement et un flot de dentelles pénètre dans la pièce avec une bouffée de parfum. Cécilia ! C’est ça, Cécilia ! Cette vieille femme aux joues tombantes, aux yeux pochés, au front criblé de rides !!! Pauvre Reutlinger !

— Ah ! que c’est aimable à vous d’être exacte, mademoiselle. Mais voyons, asseyez-vous, là, en face de moi.

La vieille s’est affalée sur un divan, au milieu de ses dentelles et elle m’examine du haut en bas avec son face-à-main en écaille.

C’est drôle, je ne suis plus troublée. Parti, envolé le trac. Cette vieille ne m’émotionne pas du tout, mais elle m’intéresse ; elle ressemble un peu à Lina, avec les rides en plus.

Et nous bavardons ; elle veut savoir comment j’ai passé mon enfance.

— Ah ! Vous êtes une fille de pasteur ? Tiens, cela me fait plaisir, oh ! mais oui, très plaisir.

Je me demande un peu pourquoi, par exemple.