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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

tromper mes nerfs, je me force à regarder les mille bibelots qui encombrent le salon, les potiches de Chine grimaçantes et multicolores, les petits ivoires japonais si délicats, les vieux éventails, les tapisseries… Les meubles sont riches, les tapis épais, mais ce n’est pas aussi distingué, aussi élégant que chez la grande-duchesse. Je suis chez une actrice, chez une cocotte presque, et cela se sent à mille riens, aux étoffes trop lourdes dont la couleur écrase le mobilier, aux bibelots trop riches et d’un goût douteux, aux tapis flamboyants qui hurlent les expositions des grands magasins.

Sur la cheminée, aux murs, partout, des photographies de toutes les grandeurs représentant pour la plupart et sous toutes les faces la maîtresse de maison. Quelques-unes sont dédicacées : À ma chère camarade… À la plus géniale artiste… À ma pensionnaire dévouée…

Dans un angle, et bordé d’un immense cadre doré trop large, le portrait au pastel et en pied de Cécilia, par Reutlinger. Dieu, quelle est jolie, dans son fourreau de velours, avec ce grand chapeau d’où pendent de longues plumes blanches ! Quel admirable