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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

tournant d’un coup de coude, il retomba dans son anéantissement de brute… La clef était sur la porte, par bonheur… Pas une lumière dans la maison, pas un bruit. À tâtons, je regagnai ma chambre et je me jetai sur mon lit. Une crise de larmes me soulagea et je demeurai longtemps, secouée de sanglots, meurtrie et douloureuse. Peu à peu, cependant, le sommeil vint calmer ma fièvre et je m’endormis d’un sommeil agité, plein de rêves effrayants où, sans cesse, revenait l’apparition monstrueuse du grand-duc ivre de lubricité, cependant qu’une chose immonde que je tentais vainement d’écarter, me pénétrait avec violence et faisait crier ma chair.

Cette chose affreuse que je redoutais, tout en ne me rendant pas bien compte de ce qu’elle pouvait être, s’était donc accomplie ! En perdant ma virginité qui jusqu’alors avait fait ma force, je perdais en même temps le respect de moi-même. J’étais souillée ; j’étais perdue.

Et je sentais si bien cette déchéance, cet affreux vide qui venait de remplacer ma fragile volonté. Maintenant, c’était fini ! Je ne pou-