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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

envers moi. Chaque fois qu’il me rencontrait, il m’arrêtait au passage.

— Méchante, pourquoi n’avez-vous pas voulu ? Pourquoi n’es-tu pas restée…

Je m’enfuyais, tremblante et gênée, sans répondre.

La semaine dernière, Serge fut atteint d’un gros rhume, il avait de la fièvre, et le docteur prévenu craignit une fluxion de poitrine.

Aussitôt, le grand-duc manifesta un vif intérêt pour le petit malade. Il entrait fréquemment dans la chambre à demi-obscure, interrogeait la garde et me posait à moi un tas de questions sur les probabilités de guérison de son « fils adoré ».

Et souvent, je sentais ses gros doigts immondes caresser ma nuque ou frôler mon épaule. Je me reculais, prise de honte et de dégoût. Le grand-duc s’en allait alors, rouge et congestionné, et invariablement, il m’ordonnait de venir le soir, lui apporter encore des nouvelles de son petit pigeon.

Je devais obéir, et au moment d’aller au lit, je montais dans les appartements du grand-duc pour lui apprendre que Serge reposait et semblait aller mieux ; je transmettais ordi-