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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

son boudoir. Dès que je l’aperçus, je ne pus retenir mes larmes et je m’arrêtai au seuil de la chambre. Mais la duchesse me fit un signe amical de la main.

— Approchez, ma pauvre enfant, venez près de moi.

Je m’assis sur un pouf, tout contre elle. Ses mains amaigries m’attirèrent et je m’abandonnai, la poitrine soulevée de sanglots, à cette étreinte maternelle.

— Pauvre enfant, pauvre petite fille. Pardonnez-moi.

Lui pardonner ! Ah ! la sainte femme, est-ce que c’était sa faute ?

— Vous voulez partir, Juliette ? Pourquoi voulez-vous partir ?

— Hélas, madame, puis-je rester ?

— Oui, oui, vous devez, vous pouvez rester. Qu’importe la brutalité, la grossièreté du grand-duc. Ce n’est pas pour lui que vous êtes ici, mais pour moi, pour mes enfants. Je veux vous garder, Juliette, je veux que vous restiez.

— Madame la duchesse, dans mon pays, un homme n’aurait pas insulté impunément une femme comme Son Altesse le grand-duc m’a insultée. Je suis une honnête fille, ma-