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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

je les adore ; j’irai en cueillir. Et puis, je ferai des bouquets, pour orner ma chambre, je ramasserai des pommes de pin pour décorer. Ah, je m’amuserai bien.

La bonne vieille qui fait mon petit ménage, maman Vaudroz, comme on l’appelle, m’assure que je suis taillée pour vivre cent ans. Pour elle, ce que j’ai ce n’est qu’un petit bobo de rien du tout… Il faudrait me marier, dit-elle, et ça passera. Y a ran de tel que le mariage pour dégourdir les jeunesses qu’est pas solide…

Ah, si elle savait, la pauvre vieille !

Je suis au lit depuis huit jours… J’ai attrapé un gros rhume sous le sapin…

C’est vrai, aussi, je fais de telles imprudences !

Je reste trop tard le soir et il fait frais ; le brouillard monte vite, enveloppe tout, cache tout ; et dans les branches du grand sapin, la brise pleure… on dirait d’un long râle entrecoupé de sanglots.

J’ai pris froid, un soir ; j’avais oublié mon châle et j’ai senti un frisson dans le dos. Depuis, je tousse à fendre l’âme ; j’ai craché du sang, j’ai une fièvre intense… Le médecin m’a dé-