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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

— Est-ce qu’on m’a reconnu ? Croyez-vous qu’on m’ait reconnu ?

— Non, mais partez, tout de suite, partez…

Il parut soulagé et se revêtit en hâte. Je le brusquais, je le bourrais de coups, dans mon exaltation croissante.

— Dès qu’il fut prêt, il me prit dans ses bras pour m’embrasser ; puis, redevenant sérieux, il renouvela ses offres :

— Je vais de ce pas louer l’entresol. Venez, je vous attends… Tout, vous aurez tout, toilettes, diamants, équipage… Je suis riche. Vous viendrez, n’est-ce pas ! Il faut venir… Vous ne pouvez plus rester ici. Promettez-moi que vous viendrez bientôt, demain…

Pour le décoller, je promis tout et il s’en fut.

Comment décrire les heures qui suivirent ? Ce fut atroce. Je me roulais sur le tapis, en proie à une terrible crise de nerfs ; déjà, je me voyais abandonnée, seule… Georges parti, disparu…

Puis, peu à peu, le calme revint et je pus réfléchir. En somme, c’était moi, la coupable. Georges était trop naïf, trop tendre pour soupçonner, et il ignorait tout. Pouvait-il se dou-