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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

tisfaction de leur désir. Mais j’ai compris tout de même qu’ils ne viennent que pour « ça », les vieux sales, et je les subis, maintenant. Seulement, je majore mes prix en conséquence, comme de juste.

La première fois, cela m’a causé un réel chagrin. Il me semblait que c’était mal de tromper mon Georges et qu’il s’en apercevrait. Mais cette impression a disparu ; d’ailleurs, je raisonne : Est-ce le tromper quand je ne jouis pas, quand je reste de glace dans les bras de mes vieux ? Non, n’est-ce pas. Je ne vibre, je n’ai de bonheur qu’avec Georges. Avec les autres, ce n’est qu’un geste, voilà tout.

J’ai exigé que Georges ne vienne jamais me surprendre, l’après-midi. Il a paru satisfait de mes explications et a promis d’obéir.

C’est vrai aussi ; je tremble qu’il n’arrive comme un boulet et qu’il ne tombe juste au milieu d’une séance. Ce serait du propre.

D’abord, je perdrais mon client ; les vieux n’aiment pas à être dérangés quand ils font l’amour ; cela leur donne déjà assez de peine sans y ajouter encore l’effroi de l’apparition subite d’un amant jaloux.

Et si ce n’était que ça ! Mais Georges serait