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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

objets bizarres, qui jonchent un coin du grenier.

Tiens, un vieux sabre rouillé, un sabre de sapeur de l’Empire, avec sa scie. Et quoi, ceci ? Un casque de Prussien ! Non, est-ce que les Prussiens… ? Ah, j’y suis ! En 70, les soldats de Bourbaki ont apporté des trophées, probablement.

Oh, ce meuble ! Une table en chêne… avec des pièces sculptées. Elle est d’un lourd ! J’ai mille peine à la tirer du coin où elle se cache. Elle est très belle, avec ses ornements. Toutes les armoiries de la noblesse vaudoise y sont gravées au couteau. Voici les armes des Cocatrix, des Burloz, des Lachenal, des Comtesse, des Lapallud… Je vais la placer dans ma chambre, cette table ; elle l’ornera magistralement, sans compter le sabre de sapeur et le casque prussien.

Il m’a fallu au moins trois heures pour descendre ma table du grenier et pour la monter dans ma chambre. Je suis moulu, éreinté, sale comme un charbonnier, à force de patauger dans la poussière.

Maintenant, ma table trône dans ma chambre la plus belle ; je l’ai bien nettoyée, et elle