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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Regarde voir un peu, c’ruisseau qui m’coule entre les nichons… Mais c’est pas tout ça. Faut venir prendre quèque chose ; j’paie une mominette, au bar… Toutes les copines y sont. Vrai, tu nous a fait un joli coup, avec ta disparition ; on croyait que t’étais embarquée et on est allé te réclamer plusieurs fois. Alors, c’est dit, tu viens, pas ! Mais viens donc, grande bête, pisque c’est moi qui paie…

J’avais soif, j’étais triste, le babil de Louisa me faisait du bien… Bref, quelques minutes après, j’étais au petit café de la rue Vaugirard, comme autrefois.

Notre entrée fut saluée par un même cri de surprise :

— Pas possible ! Juliette !

Et les questions de pleuvoir à nouveau. Toutes voulaient savoir. On m’entourait comme un phénomène. Pensez donc, une fille qu’a quitté le Boul’Mich pour turbiner à l’hôpital, et qu’est masseuse, à c’t’heure !

Toutes m’interrogeaient. Comment que ça se pratiquait, le massage ? Est-ce que j’avais aussi des vieux à passions, et des femmes ? Est-ce que je me servais du fouet ou des verges ?