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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

femme… Et nous escomptons déjà les longues nuits d’amour ! Jusqu’à présent, il fallait se quitter trop tôt pour n’être pas en retard, à l’hôpital, car c’est une mauvaise note. Mais dorénavant, plus de chaînes, plus de règlement… Toute la nuit dans les bras l’un de l’autre, et le matin, la grasse matinée, après les étreintes épuisantes…

Comme ça va être bon, de s’aimer ainsi ! Je gagnerai beaucoup d’argent, je m’habillerai bien et nous mangerons de bonnes choses, des bons petits plats que je sais faire et que mon Georget adore.

Car je commence à en avoir assez, de la cuisine de l’hôpital ; tous les jours, à midi et le soir, du bœuf, et cela ne varie pas ; du bœuf sous toutes les formes, à toutes les sauces, mais du bœuf quand même, et puis, des ratatouilles impossibles où nagent quelques croûtes dans un liquide sans goût et sans couleur… Vrai, pas de danger qu’on engraisse, à ce régime !

Nous serons chez nous, dans nos meubles ! Je danse, je saute, je gambade, tant j’ai de plaisir à cette idée. Ah ! vous verrez comme je saurai faire aller mon petit ménage, comme