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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

ne pas le troubler ; et si des malades entrent ou sortent trop bruyamment, nous lançons des « chut » énergiques et des regards courroucés.

Mais mon amitié pour M. Charles ne m’empêche pas, hélas, d’avoir des yeux et de regarder de plus en plus le joli brun, Georges.

Il s’appelle Georges. Mon Dieu, qu’il est joli, qu’il est beau, qu’il est distingué !

Il arrive chaque matin vers neuf heures, un peu avant le professeur, et je l’attends avec une telle impatience… Il me salue chaque fois d’un signe amical…

— Bonjour, M’selle Juliette, ça va bien ?

— Mais oui, M’sieur Georges, merci.

Et me voilà heureuse… je ne sais pourquoi, par exemple. Tant que dure la visite du professeur, Georges ne m’adresse pas un sourire, pas même un regard, bien que je sois presque constamment derrière lui avec ma cuvette de sublimé.

Quelquefois, il s’arrête pour causer avec la surveillante et cela me froisse. Pourquoi cause-t-il à la surveillante ?

Cependant, il ne quitte jamais la salle sans me dire :

— À demain, M’selle Juliette.