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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Mais moi je l’admirai comme un objet rare et beau et dans mon admiration n’entrait aucun sentiment bas, aucun désir, aucune arrière-pensée ; il était pour moi comme ces toiles splendides, au Salon, que l’on regarde avec plaisir parce que c’est la Beauté, la Force et la Grâce…

Il suivait les explications du professeur avec une attention que rien n’aurait pu distraire et quelquefois, revenant vers le malade examiné, il le questionnait encore, minutieusement, ardent à s’instruire.

Et voilà qu’après avoir palpé un jeune homme atteint d’orchite, il s’avança vers moi, pour se laver les mains, et nos regards se croisèrent.

Je sentis aussitôt un grand trouble et je dus rougir, bêtement, sans savoir pourquoi. Lui aussi paraissait gêné ; une teinte rosée envahit son front blanc, l’espace d’une seconde. Vite, il s’essuya les mains et me rendit la serviette en balbutiant d’une voix très basse un peu timide : « merci, mademoiselle ».

Vers dix heures et demie, la visite prit fin et le père Boche s’en alla après avoir serré vigoureusement les mains de la surveillante ;