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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

clinquant, du chi-chi, et au fond, c’est rudement malpropre.

Justement, je remarquais depuis un moment un monsieur bien mis qui passait et repassait devant moi en tenant un journal à la main. Encore un bourgeois « honnête », un digne « père la Pudeur » probablement. Je n’avais pas beaucoup prêté d’attention à son manège, trop chagrinée par la déception que le Journal m’avait causée. Et sans y prendre garde, les larmes inondaient mon visage… Je ne voyais rien, le monde n’existait plus… Je souffrais…

Un peu calmée par les sages réflexions qui venaient de traverser mon esprit, je prêtais plus d’attention au manège du monsieur. Nos regards se rencontrèrent. Aussitôt, il fit demi-tour, et, à pas lents, il s’approcha du banc où j’étais assise. Puis aussitôt il se plongea dans la lecture de son journal. Je l’observai du coin de l’œil ; il pouvait avoir quarante ans ; il était vêtu avec somptuosité, mais sans goût et de grosses bagues ornaient ses doigts gras.

Pour l’agacer, je m’amusais à retrousser ma robe et à découvrir mes chevilles ; ou bien,