Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

deux chambres, également toutes petites, l’une au nord, l’autre au midi. Et c’est tout. Le reste du chalet est occupé par une vaste écurie et par un immense grenier où l’on serre le fourrage.

Tout cela est à moi… jusqu’au mois de septembre. Le sapin aussi est à moi. J’ai découvert sous l’escalier un réduit spacieux où j’élèverais des lapins. Il me faut un chat, n’est-ce pas ! Qui est-ce qui a un chat ? Qui veut me donner son chat ? C’est la mère Vaudroz, qui s’en occupera.

La mère Vaudroz, oui, la bonne vieille qui doit faire mon ménage. Non, ce que je vais m’en payer, du grand seigneur, avec une vieille madame qui fera ma popote, dans mon vieux chalet, sous mon vieux sapin, avec un vieux chat… ou un jeune, ça m’est égal, pourvu que ça soit un chat. Les chattes, c’est embêtant ; elles sont toujours en chaleur.

J’ai boulotté comme un ogre ! c’est la mère Vaudroz qui le veut, qui l’exige, et elle me bourre jusqu’à la gauche. Je digère sous mon sapin, avec mon chat et je contemple la belle nature. La nuit tombe ; au-dessus de ma tête