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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

toute enguirlandée de glycines et de lierres, avec des massifs de géraniums rouges dans les pelouses ; je vois les petits sentiers sablés se perdant sous la voûte sombre des grands arbres, une pièce d’eau animée du barbotement des canards, et partout des fleurs, avec des papillons et des oiseaux… Je vois au loin la plaine vaste toute frémissante sous la chaleur du soleil, et le soir, la rentrée des chars pleins de récoltes, et les voix mélancoliques des paysans qui chantent sur le rythme lent des bœufs paisibles…

Oh ! oui, comme je voudrais aller à la campagne, loin de Paris, loin du trottoir menaçant, loin de la poursuite bestiale des hommes !

— Mam’selle Juliette, mam’selle Juliette…

— Fichez-moi la paix, je dors.

— C’est une lettre… Y a écrit « urgent » sur l’enveloppe.

— Une lettre ? Donnez vite.

D’un bond, je suis hors du lit et j’ouvre la porte. Tant pis, le garçon a vu mes nichons. Mais je la tiens, ma lettre, ma chère lettre, la réponse à ma demande.