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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

pour croire que ses charmes sont encore capables d’expliquer cette anormale assiduité. Aussi me surveille-t-elle ; sans rime ni raison, elle entre dans ma chambre, et elle nous a surpris, un soir, Guy de Schalk et moi, dans une attitude plus que déboutonnée. Mais Guy de Schalk n’appartient pas encore à la grosse artillerie. Il sort à peine de la cavalerie légère ; donc, il est bon pour moi.

D’ailleurs, il n’est pas assez riche pour briguer la faveur de gravir l’autel, le fameux autel aux panneaux sculptés.

Il faut que je me mette en quête d’une position, car la rupture ne va guère tarder. On m’a déjà offert plusieurs entresols meublés avec voiture au mois et petit groom, mais j’hésite. Je ne sais pourquoi j’ai tant de répugnance à devenir, comme toutes les autres, une simple putain. Jusqu’ici, j’ai eu l’excuse de ma position subalterne auprès de Cécilia… L’occasion, l’herbe tendre, et je ne sais aussi quelle veulerie me poussant, j’ai cédé et je cède encore chaque jour ; mais être semblable à toutes ces demoiselles de chez Maxim’s ou de chez Victor, non cela ne me dit pas. Je n’éprouve aucun plaisir à la pers-