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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Cécilia. Moi, je suis la « crotte », la petite crotte au chocolat…

Ça s’est fait bêtement. L’autre soir, nous étions au café Riche. Cécilia avait ses nerfs ; moi je n’avais rien du tout et nos compagnons, dont Lucien et le gros de Cère, avaient une légère cuite. On disait des rosseries et des saletés en se moquant des filles qui sirotaient leur champagne aux autres tables.

Vers deux heures, Cécilia affirma qu’elle était vannée.

On rentre. À la porte, les deux hommes insistent pour rester avec nous, prétextant que Cécilia est malade et qu’elle a besoin de soins.

Cécilia proteste mollement ; moi, je ne dis rien. Alors, Lucien me prend par la taille et m’embrasse, puis il demande à Cécilia si, par hasard, elle serait jalouse.

— Ah non, par exemple, j’en suis pas.

— Eh bien alors, nous restons.

Cécilia ne proteste plus et les deux hommes montent avec nous. Dans le salon, on se regarde, un peu gênés. Tout de même, c’est raide.

Mais Lucien brusque les choses.