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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

son déclin jette un vaste éblouissement, l’embrasement doré d’un gigantesque incendie où traînent des bandes de nuages rouges et violets qui s’abaissent sur l’horizon.

Et la voiture nous emporte le long des rues peuplées de provinciaux en ballade, où les boutiques ouvrent leurs portes au souffle plus frais du soir. Sur le boulevard, une foule ; Cécilia sourit à des amis rencontrés et lance de temps en temps un salut nonchalant du bout de ses doigts gantés.

— Allons prendre un bock, chez Spiess, voulez-vous ?

— Avec plaisir, madame.

La voiture décrit une courbe savante, à la hauteur de la rue Drouot et s’arrête devant le café Viennois grouillant de gens altérés et de flâneurs qui déshabillent les femmes.

Notre descente de voiture fait sensation ; souriante et sautillante, Cécilia s’installe à la terrasse et commande deux bocks. Non loin de nous un jeune homme à monocle se lève pour nous regarder et chantonne à mi-voix :

— Tiens, v’là Cécilia, comment vas-tu ma vieille…