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DEUX CORSAIRES MALOUINS

Alors, se formèrent ces associations de pirates, appelés boucaniers, ou flibustiers, qui s’efforcèrent de descendre des Antilles vers les côtes du Pacifique, vers le Chili et le Pérou, dont l’Espagne défendait sévèrement l’accès.

Par euphémisme, les Anglais les appelaient « privateers » ou irréguliers, tandis que les Hollandais, plus réalistes ou plus sincères, les traitaient de « Zee roovers », ou voleurs de mer.

La dénomination de flibustier n’est que la corruption du mot anglais « freebooter », et le terme de boucanier vient de ce que ces aventuriers faisaient sécher leur viande sur des grilles de bois, placées près d’un feu lent, et dans un local appelé « boucan ». De là, l’usage dans certains ports de Normandie d’appeler « boucan » une chambre enfumée.

Plusieurs d’entre eux dissimulaient leur vrai nom, par un pseudonyme, car ils appartenaient souvent à de bonnes familles, dont les avaient éloignés leur goût pour les aventures, ou les circonstances d’une jeunesse orageuse.

Ils affectaient un grand respect pour la parole donnée, et, sinon pour la religion, tout au moins pour ses formes, car ils faisaient précéder leurs relations de la pieuse invocation :