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DEUX CORSAIRES MALOUINS

bitudes existant, à cette époque, en Angleterre.

A Plymouth, notamment, où furent détenus Forbin, Jean Bart et du Guay Trouin, les officiers avaient la même prison que les matelots. Ils ne pouvaient acheter ni vivres, ni denrées. On retenait leurs lettres ; ils ne pouvaient recevoir aucune visite. Le géolier trafiquait sur l’argent qu’on lui donnait pour les nourrir, et s’arrogeait le droit de mettre les officiers aux fers, pour des fautes légères, pour avoir fait du bruit, ou pour avoir désapprouvé le traitement qu’on leur infligeait.[1]

Et voici ce qui était arrivé à Forbin :

« Quand je fus pris », dit-il dans ses mémoires, « ils me dépouillèrent nu comme la main, l’équipage s’accommoda de mes hardes. On me donna, en place, une camisole, et une grosse culotte, avec un trou sur la fesse gauche. Un matelot me donna ses souliers, et un autre me fit présent d’un mauvais bonnet. Dans le bel état où j’étais, je fus mené à Plymouth, chez le gouverneur. »[2].

  1. Lettre de M. de Gastines, Bibliothèque Nationale. Manuscrits. Nouvelles acquisitions, 9392.
  2. Cité par l’Abbé Poulain. Vie de du Guay-Trouin.