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AVANT-PROPOS.

de leurs limites. Toutefois, lorsqu’un mot usité en Léon n’est pas celui qui exprime la même idée ailleurs, il donne son équivalent d’après les autres dialectes : pareillement, lorsqu’ils offrent une expression qui manque en Léon, il la leur emprunte, en indiquant auquel elle appartient en propre.

Moins enthousiaste et plus solidement instruit que les lexicographes qui l’ont précédé, dont tous les Dictionnaires, à l’exception d’un seul, sont des compilations indigestes et sans critique, contenant autant de mots étrangers que de mots bretons, il a soigneusement exclu tous ceux qui ont des équivalents dans la langue bretonne et qui corrompent et surchargent le vocabulaire de cette langue, loin de lui être d’aucune utilité. Quant à certains mots étrangers d’un usage habituel qui ont malheureusement pris depuis longtemps la place d’indigènes désormais incompris, qui suppléent une disette réelle ou que le génie breton a modifiés de manière à se les approprier, il n’a pas cru devoir les bannir. Seulement, il les a marqués d’un astérisque pour qu’on ne les emploie qu’avec discernement.

Il avait même poussé le scrupule, dans une première édition de ce Dictionnaire jusqu’à noter d’un astérisque à la fois et d’un point d’interrogation tous ceux dont l’origine lui semblait douteuse ; et il avait ainsi dénoncé à la critique, comme suspects, une foule de mots aussi bretons que ceux qu’il ne marquait d’aucun signe. Sur l’observation qu’on lui fit qu’un grand nombre sont de véritables racines celtiques, avec des terminaisons essentiellement bretonnes, qu’us représentent les idées et les objets les plus usuels, qu’ils appartiennent à la classe de ceux qu’en général aucun peuple n’emprunte, qu’on les retrouve d’ailleurs souvent dans les dialectes celtiques de Galles, d’Écosse et d’Irlande, et qu’ils ont par conséquent une origine nationale, il se proposa de supprimer le signe de doute qu’il leur avait joint. J’ai donc supprimé ce signe dans cette édition.

En revanche, toutes les fois qu’une expression bretonne est commune aux dialectes de la même famille, parlés dans l’ile de Bretagne, ou qu’elle existe seulement en breton et dans l’un d’eux, j’ai tâché de l’indiquer. Les degrés de parenté du breton avec le gallois, et avec le gaël, soit écossais, soit irlandais, auront par là même été constatés, et un des objets capitaux de la présente édition est de les mettre en évidence.

Afin d’y parvenir, j’ai eu recours aux Dictionnaires les plus complets de ces trois derniers dialectes, et particulièrement à ceux de Davies et