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AVANT-PROPOS.

Le premier livre traite des parties du discours et les analyse.

L’autre est consacré à leur construction et à des exercices grammaticaux.

Les règles de permutation que donne l’auteur sont réduites à des formules simples, nettes et justes. Celles de la syntaxe sont bien déduites et clairement exprimées : elles s’enchaînent les unes aux autres, et sont rangées dans un ordre parfait. Si une critique peu familiarisée avec la langue bretonne, quoiqu’éclairée d’ailleurs et bienveillante, a trouvé que l’auteur aurait pu simplifier son livre en généralisant davantage et ramenant à la règle ce qui n’en est que l’application ou l’exemple, les hommes les plus versés dans cet idiome et qui savent quels milliers de modifications subit, selon les localités, la pensée dans la bouche des Bretons, trouvent au contraire qu’il a saisi avec une grande sagacité les lois générales et partout adoptées de la langue bretonne, et admirent avec quelle largeur de coup d’œil il a embrassé, avec quelle méthode il a ramené à une pratique uniforme les coutumes locales et particulières ; de telle sorte que, laissant bien loin derrière lui les grammairiens qui l’ont précédé, il devance même pour longtemps ceux qui le suivront. Ce que j’ai, pour ma part, cru devoir ajouter à sa Grammaire, est comparativement peu de chose : les lois grammaticales oubliées par lui et recueillies par ses disciples, sont en petit nombre et sans importance notable.

Plus nombreuses étaient les lacunes qu’offrait son Dictionnaire breton-français ; mais la tâche de les combler m’a été rendue plus facile, grâce à un supplément manuscrit assez considérable mis, d’après ses dernières volontés, à ma disposition.

Ce livre est un répertoire des mots de la langue bretonne, telle qu’elle se révèle dans les auteurs anciens et modernes et telle que la parlent aujourd’hui les paysans armoricains : on les y trouve rangés par ordre alphabétique avec leur véritable orthographe à la fois nationale et logique, qui peint pour ainsi dire aux yeux la manière de les prononcer ; avec le genre qui leur convient, avec leurs différentes significations, leurs acceptions différentes, une riche moisson d’explications et d’exemples, et souvent des remarques très-judicieuses.

Le dialecte qu’il y a suivi plus particulièrement, comme dans sa Grammaire, est le dialecte de Léon, qui est pour les Bretons ce qu’était l’attique pour les Grecs, c’est-à-dire, la langue littérale et commune, entendue dans toute la Basse-Bretagne, à la différence des dialectes de Vannes, de Cornouaille et de Tréguier, moins aisément compris hors