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ESSAI SUR L’HISTOIRE

cipes posés, mais non suivis, par Je P. Grégoire. C’était le temps où l’orthographe française, que Voltaire appelait absurde, cherchait à se fixer elle-même, et où le docteur Jonhson essayait de fixer celle de l’Angleterre. Le Pelletier sentit que la confusion et les anomalies qui défiguraient la langue bretonne, provenaient en grande partie d’un défaut de système graphique, et là où le caprice s’était longtemps joué sans contrôle, et où le manque de lumières avait voulu opérer de petites réformes puériles, il porta le flan>beau de la méthode et de la raison. Procédant avec le respect qu’une critique éclairée doit à l’antiquité, et avec la considération qu’un homme instruit doit au génie de sa langue, il chercha dans la structure même de la langue bretonne, dans la formation régulière de ses mots primitifs et dérivés, dans les différentes orthographes anciennes de tous les livres bretons, les bases d’un système graphique à la fois philosophique et national. Le résultat de ses recherches se trouve consigné en tète de son dictionnaire. On lui doit, entre autres perfectionnements, la restauration du g (y) ; du X-, à l’exclusion du q, du cq et du rju ; du 2, à l’exclusion de ç et de çz (i) ; de/, au lieu de pk ; de 1’^', au lieu d’jy enfin du w, dans l’orthographe bretonne. A propos du w et du A, il fait cette remarque importante et très-juste : « ce sont deux lettres absolument nécessaires au breton ;… la dernière en vaut quatre, y compris le c, qu’on peut retrancher de l’alphabet et remplacer par A, devant toutes les voyelles comme ailleurs (2). » Quant au g (y), lettre à laquelle les écrivains bretons de la décadence ajoutaient un u trompeur devant les voyelles e et i, il jugea convenable d’y joindre un h, non que cela fût nécessaire, « mais uniquement, dit-il, pour bien en assurer le vrai son (3). » Le g se trouvait ainsi parfaitement distinct du / consonne, d’importation française, et que dom Le Pelletier se vit obligé d’admettre, comme le c/i fiançais, car l’usage et la nécessité les avaient malheureusement naturalisés. Cependant le respect, peut-être un peu superstitieux, du bénédictin, pour l’antiquité, à laquelle il empruntait son système graphi que, le fit tomber dans une inconséquence qu’une logique rigoureuse devait réformer. Ainsi, après avoir dit qu’on peut retrancher le c de l’alphabet breton, et le remplacer par un /c, dans toutes les circonstances, il maintient le c exceptionnellement devant a, o, u, parce que certains écrivains anciens agissent de la sorte ; mais il eût pu, par la même raison, le proscrire ; car d’autres écrivains non moins anciens, et d’une égale autorité, le proscrivent devant toutes les voyelles et les consonnes. Il maintient encore le c dans deux autres cas : pour le premier, toutefois, il se règle sur les anciens, parfaitement d’accord en ce point ; c’est quand le c est uni à la lettre h qu’il précède, et fiuite d’un caractère breton propre à rendre le son guttural aspiré, que les Allemands expriment aussi par ch, les Espagnols par Xj et les Grecs mo- (1 ) Owen ’dictionnaire gallois-anglais, cdit. qu’on prononce ainsi et que ses prédécesseurs, de m^) substitua aussi le z aux dentales as- depuis le xiii"= siècle, écrivaient guer et guil, pirécs 5 elO figurées jusque-là par dd et Ih, et antérieurement, ^er et gil. (oy. le vocab. dans i’orlhograptie galloise. breton de Fan 882, publié par Price, et, d’a- (2, Prj.’facc, p. 2, 5 et 10. près lui, par M. de Courson, Essai sur Vhis- (3 ; U écrivit donc gher et jfW les mots toire de Bretagne, p. iM.)