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DE LA LANGUE BRETONNE.

tulé : Le sacré collège de Jésus (Kentéliou christen euz ar C’holach sakr), dvisé en cinq classes, ou l’on enseigne en langue d’Armorique les leçons chrétiennes, avec les trois clefs pour y entrer, savoir : un dictionnaire, une grammaire et syntaxe, en même langue ; et cette épigraphe : Venite, filii, audite me ; « venez, enfants, écoutez-moi ». Il avait déjà fait paraître un recueil de ses chants religieux et de ceux de Michel Le Nobletz. Nous examinerons la valeur philologique de ces divers ouvrages. Bientôt presque tous les prélats, recteurs, ecclésiastiques, tant réguliers que séculiers du pays, les adoptèrent, dit le P. Maunoir, et voulurent parler purement le langage que leurs premiers pasteurs avaient parlé. René du Louet, évêque et comte de Cornouaille, saint vieillard alègre et vigoureux dans ses travaux apostoliques, malgré ses quatre-vingts ans, était à la tête de la réforme. En 1659, il donnait l’exemple depuis cinquante-cinq ans, « preschant et catéchisant le simple peuple et les villageois, accordant leurs différends, les consolant dans leurs afflictions, les visitant en leurs maladies. » La Cornouaille, fait observer Maunoir avec modestie ( il eût pu dire toute la Basse-Bretagne), lui a l’obligation de se voir renouvelée.

Le pays l’était en effet. Comme Michel Le Nobletz avait trouvé un successeur digne de lui dans Maunoir, celui-ci trouva dans le P. Marzin un disciple capable de le remplacer. Son élégie sur la mort de Maunoir (1683) prouva qu’il avait assez de talent et de dévouement pour mériter pareil honneur : « Las ! hélas ! Bretons, chantait-il, le P. Maunoir est mort ! Il s’est éteint votre flambeau ; il est mort, votre tendre père (i).» Et, réunissant sous une même auréole poétique les fronts glorieux des deux saints, il les représente marchant, comme deux anges de lumière, au triomphe de la foi et de la langue nationales. « Je les vois, dit-il, un pied sur la mer, un pied sur la terre ; ils vont à grands pas, la nuit, comme la lune, et le jour, comme le soleil, et, à leurs clartés, les ténèbres fatales s’évanouissent en Bretagne(2). M Les travaux de Vincent Marzin, du P. Delrio, et ceux du P. de Lannion, de Tordre des Frères prêcheurs, qui fit imprimer, en 1692, à l’usage des prédicateurs, les discours de toute une vie d’apostolat, remplirent la fin du XVIIe siècle et les premières années du suivant, où un autre religieux du même ordre, le P. Grégoire, de Rostrenen, publia son grand dictionnaire français-celtique (1732), puis sa grammaire bretonne (1738). Les lacunes considérables de la grammaire et des dictionnaires du P. Maunoir, le mouvement de jour en jour plus général, en faveur de la langue nationale, déterminèrent François-Marie de Saint-Malo, quatre fois provincial des Capucins de Bretagne, à charger Grégoire de cette tâche importante. Le but était le même que celui du P. Maunoir : « c’était, dit l’auteur, afin d’aider, par ce moyen, les jeunes religieux et plusieurs ecclésiastiques zélés du païs, à traduire leurs sermons françois en breton, pour pouvoir prescher aux peuples de la Basse-Province, dont la plus grande partie ne sçaitpasla langue françoise. » Ses pérégrinations apos-

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  1. Aazl aMazlliràomô,, ma. T6 anntààMaiMr’ Agaméjoubrdz éz eoñt, ennnôz, cvel al loar, Marô eo hô sklérijen, marô eo hô tâd ker ! Ilag enn deiz, évtl ann héol, ha dré hô skier ije (Hent ab babadoz, édit. de 1689, p. 138.) E pellaoñt diouc’h a Vreiz ar gwall dévalijm (2)£ttn troad hô deùz war ar môr, eunn ail ( Ibid., p. 141- ) vder ann douar ;