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ESSAI SUR L’HISTOIRE

nous a autorisé à regarder comme la propriété des Bretons de France, tout aussi bien que de leurs frères de Galles, les documents de philologie bretonne fournis par les temps que nous venons de traverser, et à en faire usage dans la présente esquisse historique. Au reste, et l’on a pu s’en apercevoir, nous ne nous sommes appuyé que sur ceux qui offraient, par le dialecte, une parfaite conformité avec l’idiome classique de la péninsule armoricaine, le breton de Léon. Mais dorénavant, nous ne pourrons plus nous servir des titres littéraires des Gallois, car tout commerce cesse entre eux et le continent, à dater du milieu du xi* siècle. Ils ne parlent plus la même langue, mais deux dialectes qui vont s’éloignant l’un de l’autre, et nous allons perdre le droit de répéter avec le barde gallois Golizan, qui disait, vers l’an 620, des Armoricains : « Ils nous ont envoyé, bien à propos, des auxiliaires tout-puissants.»

TROISIÈME ÉPOQUE.

La cessation de rapports journaliers entre les Bretons de Galles et ceux de l’Armorique ne fut pas le seul signe avant-coureur de la décadence qui commença, pour la langue bretonne, à l’aurore du xiie siècle. Il faut y joindre les alliances de famille des chefs armoricains, soit avec les Angevins, qui, en devenant tuteurs de jeunes princes, de nom et de langue celtiques, devenaient aussi les arbitres des destinées du pays, et profitaient de leur pouvoir momentané pour étouffer au berceau, dans la personne de leurs pupilles, l’espoir de la patrie bretonne ; soit avec les filles de ces Normands dont les ancêtres avaient exterminé une partie de la population de la péninsule, forcé le reste à fuir, réduit en solitude la moitié du pays, et dont les descendants se trouvèrent par hasard, pendant plusieurs années, à la tête du gouvernement en Bretagne. Attirés par leurs compatriotes régnants, Normands et Angevins des hautes classes envahirent la Bretagne, et y portèrent les mœurs et la langue de France. L’avidité avec laquelle les étrangers, qui s’appelaient les uns les autres, se jetèrent sur cette proie, fut telle que les bardes bretons du temps, dans leur énergique et rustique langage, les

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  1. » les comprendre ; car où est la difTérence ma- « Mieux vaut vin blanc de grappe (de raisin) » tériellc entre les strophes suivantes, que que de mûre ; mieux vaut vin blanc de grappe. » nous plaçons en regard les unes des » Mieux vaut vin nouveau quebière ; mieux » autres, en breton et en gallois. ^^„4 vin nouveau. V. •"’*',^’» BRETON. GALLOIS.. fî ( :ti 0/. ! GwelUofrvslnKwennbâr Gwell jw gwin g^vyn bâr «Mieux vaut Vin de Gaulois que de pom- . Nalégfd^mouarl Namwyar ! mes } mieux vaut Vin de Gaulois. Gwelkügwinfenvennbâr. GwellywswingAvynbâr. «gang rouge et vin blanc, one rivière ! Gmlleofiwinnévez ^onf ;,’"^"’^*^^ sang rouge et vin blanc.« -( Lk vin des Gabnii ’ na (éired* mtz : O ! na naeclil °. °.. • • ; Gwen êo -nvin névez. Gwell yw gwin newydd. tois, chant de guerre armoricain composé an Gwell eo Rv/m ar Gall Gwell yw }, nvin Gai vi*^ siècle, suivant M. Augustm ihicrry.) ^aKa^ali Nag aval ; j^ rapprochement qu’on vient de faire en Gwell to gwin arGall. <^"fl U,^ fr.’. uîn, wvn dit P^us que toutes les rénexions du monde : GwadruzCag. mg. enD, Gwaed^hudaag^^. n8>^)n, j, [,, J ^e seule est différente ; quant à In Gwadruzhagwiiigwenn. GwaedrhuddagwjDgwyn. prononciation, elle est la même.