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DE LA LANGUE BRETONNE.

d’appeler l’histoire à l’aide des considérations philologiques, dans lesquelles nous entrons. Aussi bien, il est difficile de juger d’une langue, sans connaître les destinées du peuple qui la parle.

Notre point de départ naturel dans cette double étude, est le ve siècle, époque de la division mentionnée plus haut ; notre point d’arrêt le xiie siècle. Entre ces deux dates, s’étend la période la plus brillante de la langue bretonne.

Quatre cents ans de la domination d’un peuple, qui n’imposait pas seulement son joug, mais encore sa langue aux nations vaincues (i), n’avaient pu détruire celle des habitants de l’île de Bretagne. Lorsque les Romains eurent disparu, et que, fuyant devant des conquérants nouveaux arrivés du nord, les Bretons vinrent, au ve siècle, sur le continent, demander un asile aux peuples de l’Armorique, ils y trouvèrent un idiome peu différent du leur (a), en usage sur d’autres points de la Gaule au iiie siècle (3), dans lequel, à la même époque, on promulgait des fidéicommis (4), que les Gaulois illettrés parlaient au ive siècle (5), et que deux missionnaires de la Gaule, saint Germain d’Auxerre et saint Loup de Troyes, venaient d’employer pour les catéchiser, les prêcher à la ville et aux champs, combattre leurs hérésies et même haranguer et commander leurs armées (6). Ils l’y ravivèrent, l’y cultivèrent en paix, grâce à leur éloignement des grands centres de civilisation romaine et à l’abri de la mer, des marais et des rochers, lui donnant d’année en année une vigueur nouvelle, puisée dans leur commerce étroit avec l’île, d’où ils recevaient incessamment de nouvelles recrues de peuples de la même langue (7). Elles se succédèrent sans discontinuer du ve au viie siècle, d’un rivage à l’autre (8) ; quand elles cessèrent, le nom d’Ar-

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  1. Non solùm jugum, verùm etiam linguam (Ethelbert. Chron. ad ann. 430.) Venerunt suam dumitis gentibus. (S. August. De Civi- transmariniBritones in Armoricam, id est, in tate Dei. Liv. 19. C. 7.) minorem Britanniam. (Chronic. S. Michael. in (2) Sermo haud multùm diversus. (Tacit. Biblioth. Labb.) lîivallus, à transraarinis ve-Agricol. C. 11.) niens Britannis cum multitudine navium, (3) (Alexandre Severo) mulier Druias eun- possedit tofam minorem Britanniam. (Act. li exelamavit gallicosermone. (Lampridius, ad S. Wiiinoch. Ex. mss. Vedast. V. Acta. Bened. ana. 234. Vil. Alexandri Severi. ) T. 1.) (4) Fidcicommissa quocumque sermone…. (8)Budicus (ad ann. 490 cùm ad recipiendum non solùm lalino, vel graeco, sed etiam puni- regnum armoricae gentis veniret… cum tota 00, vel gallicano. (Ulpien. Digesta. ad ann. familia sua et classe applicuit. (Usser. p. 291.) 230. L. 32. Tit. 1.) — EmitHarlhoctransmarinus(Brito)quamdam (5) Dùmcogilorae hominem Gallura… ver- triburaxxu villas… à Gradlono, regeBrilonum ; bafacturum, vereor ne oñendat vestras ni- etideo seipsum commendavitprœdictoregiatmiùm urbanasaures sermo ruslicior.-Éfaiitcè queomniasua.(Cart. Landeven. Mss. ;Adpraediloquere. (Sulpic. Sever. Dialog.) candum populo ejusdemlinguœ, in occidenle (6) Prœdicatio ad plebera… per trivia, per consistenti. raare transfretavit(Maglorius) prorura, per devia…. turba sine numéro…. po- perans finibus territoriiDolensis. (Bolland. 24 pulus arbiter judiciumelamore testatur… im- oot.) — (Quemdampeccatorem)misit(episcopus mensae muUitudinis numerositas cura conju- lîrito) in peregrinatione usquè ad episcopiim gibus ac liberis convenerat. (Acta. S. Germani, Dolensem in Cornugalliam propter veterrimam Apud Bolland.) Nec tantùm sub ecclesiarum amicitiara… eo quôd et Britones et archiparietibus, per eos (Germanum et Lupum) episcopus illius terrae essenl unius linguœ et rerbi divini seraina, verùm etiàm per rura unius nalionis, quamvis dividerentur spatio spargebantur et compila… verbis trahitur po- terrarura… et lanlo meliùs poterat indiilgenpnlus innumerabilis. (Acta. S. Lupi. ibid. 18 tiam requirere, cognito suo sermone. (Labbe et 27.) Concilia. !. V. p. 830. ad ann. 560.)— Judocus (7) Exules (Britones) Gallise tenent partes, de iiluslri procedens genealogia Riovalli qui