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III


Quel caprice insensé de tes désirs nomades,
Mon cœur, ô toi mon cœur qui devrais être las,
Te fait encore ouvrir la voile au vent des rades
Où ton plus fol amour naguère appareilla ?

Tu sais bien qu’au lointain des mers aventureuses
Il n’est point de pays qui vaille ton essor,
Et que l’horizon morne où la vague se creuse
N’a d’autres pèlerins que les oiseaux du Nord.

Tu ne trouverais plus à la fin de ta course
L’île vierge à laquelle aspirent tes ennuis.
Des pirates en ont empoisonné les sources,
Incendié les bois et dévoré les fruits.

Voyageur, voyageur, abandonne aux orages
Ceux qui n’ont pas connu l’amertume des eaux.
Sache borner ton rêve à suivre du rivage
L’éphémère sillon que tracent les vaisseaux.