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Kojiki, la première histoire du Japon, qui est surtout une cosmogonie et une mythologie, nous apprend que le petit-fils de la déesse du soleil descendit du ciel sur un pic de Kyushu et partit de là pour conquérir son royaume de Yamato, le vrai nom du pays et de la race. Il amena du ciel avec lui des compagnons qui devinrent les ancêtres des grandes familles féodales et trois objets sacrés donnés par sa divine grand’mère : un sabre, un miroir et un collier de pierres taillées d’une certaine manière. Ces trois précieux et célestes bibelots sont toujours conservés (?) dans le trésor impérial et déposés à côté de l’empereur dans les grandes cérémonies. Ils sont évidemment symboliques : le sabre, c’est le principe mâle, le miroir, le principe femelle, les pierres du collier, l’idée de leur union. Avec le petit-fils de ce petit-fils du soleil commence pour les Japonais l’histoire proprement dite. Ils l’appellent Jimmu Tenno, lui attribuent la date de 660 av. J.-C, et en font le chef de la dynastie impériale qui règne encore aujourd’hui. La critique occidentale a le cœur dur : elle relègue Jimmu Tenno dans le royaume des mythes et ne consent à dater l’histoire du Japon que du commencement du ve siècle après J.-C. Elle est sans pitié aussi pour une certaine impératrice Jingo, amazone et conquérante qui aurait