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en toilette et en plaisir. Le Japonais n’est pas avare et jusqu’à présent n’était pas envieux parce que les lois somptuaires étaient si précises que chacun savait exactement à quoi il avait droit et ne pouvait aucunement imiter ses supérieurs. Maintenant, il est probable qu’avec nos méthodes et notre prétendue civilisation, nos vices et nos haines de classe s’introduiront au Japon.

En somme, le Japonais est soumis, respectueux, courageux, patriote, patient, travailleur. Passablement immoral, ignorant la pudeur et aimant le plaisir. Il a un défaut plus grave, il n’est pas honnête. C’est un mauvais commerçant sans foi, tatillon, préférant un petit vol à un gros gain légitime, pour peu qu’il faille attendre celui-ci ; il n’a pas le sens des larges entreprises et encore moins celui de la parole donnée. Il est à ce point de vue extraordinairement inférieur au Chinois qui envahit les banques et les comptoirs du Nippon parce qu’il est à la fois intelligent et sûr. Le Japonais compte lentement, comprend lentement et mal les affaires, perd la tête et ne sait pas attendre la fin. Il n’est pas franc non plus, c’est l’être le plus dissimulé qui soit. On ne peut pas dire de lui qu’il soit bon enfant, qu’il ait le cœur sur la main, son enthousiasme a une forme concentrée. Ses vertus