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une gaieté factice qui masque toutes les émotions. Combien exaspérant ce sourire japonais, selon nous si souvent intempestif ; il faut l’avoir vu là-bas sur la face jaune d’un domestique qu’on gronde ou d’un Japonais instruit à qui on pose une question grave, pour le savoir. Pour eux c’est l’art de ne pas ennuyer les autres de ses ennuis personnels, ou la pratique de la douceur envers celui qui n’est pas doux. Mais c’est bien exaspérant. On considère comme une plus grande honte pour un homme qui a de l’éducation de se mettre en colère que pour un pauvre de voler.

Si les Japonais ignorent la colère, ils ne connaissent pas davantage la paresse : ils travaillent avec un zèle et une persévérance surprenantes. Il n’est pas question de journée de 8 heures là-bas, 15 ne les effraient pas et ils ignorent le dimanche. Jamais les magasins ne ferment, les enfants travaillent comme les grandes personnes, les champs sont méticuleusement soignés, presque tous les transports sont faits à dos d’homme (ou de femme), car il y a peu de bêtes de bât et pas du tout de trait. Tout le monde peine et pour des salaires dérisoires. Cela n’empêche pas de s’amuser dès qu’on en trouve l’occasion, les plus pauvres comme les riches. Tout ce qu’on gagne passe