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province, dans les petits endroits, la maison de plaisir est au milieu de la grande place, à côte de la mairie, et tient lieu d’hôtel. Les jeunes filles sont vendues à des entrepreneurs d’une façon tout à fait licite et régulière pour un nombre déterminé d’années par leurs parents. À 25 ans elles sont libres, souvent elles se marient et rentrent dans la vie régulière. Du reste, elles n’en sont jamais sorties à proprement parler, jamais elles n’ont cessé de voir leur famille, elles ne sont pas dégradées, méprisées, abandonnées comme en Occident. L’organisation légale leur assure une certaine mesure de décence et les met à l’abri des terribles aléas de leur métier dans d’autres pays.

En dehors des courtisanes proprement dites, il y a au Japon une corporation de jeunes personnes chargées d’amuser les hommes d’une façon qui peut théoriquement rester innocente. Ce sont les petites danseuses qu’on appelle des geishas. Vendues par leurs familles depuis leur enfance jusqu’à 25 ans aux entrepreneurs, elles reçoivent une éducation assez compliquée qui comprend la musique vocale et instrumentale, la danse, la pantomime, l’art de verser à boire, de rire, de bavarder, d’animer un dîner ou une partie de campagne, de jouer à tous les jeux japonais, de faire des vers, de s’habiller, de se farder ; elles