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le juge pour avoir un peu cédé à la colère, tandis que le voleur est félicité d’une conversion d’ailleurs tardive : cela fait rêver.

Le mépris de la vie, la sienne et celle des autres, est donc un trait fondamental de l’éthique japonaise, et c’est peut-être celui qui nous étonne le plus. On n’attache pas tant d’importance à la question des relations entre les sexes, la morale est sur ce chapitre tout à fait souple et accommodante, des puritains diraient relâchée. Il m’a semblé que la question du sexe n’existe pas au Japon. Hommes et femmes s’habillent de même, à la coiffure près, et se déshabillent considérablement à l’occasion. Avant l’arrivée des Européens, ils se baignaient nus de compagnie dans la rue, et il n’y a pas besoin d’aller bien loin dans l’intérieur pour voir de ses yeux que cela se fait toujours. Il y a, si l’on ose en parler, de certaines exigences de la nature auxquelles on pourvoit dans nos gares de chemins de fer dans des locaux séparés. Au Japon, il en est théoriquement de même, mais dans la pratique j’ai été témoin d’une indifférence bien complète à une promiscuité surprenante. Les hommes du peuple voilent aussi peu que possible ce qu’il est convenu que l’on doit cacher, et j’ai déjà fait allusion au déshabillé des mamans japonaises