Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que penser de cette histoire ? Assurément la morale japonaise n’est pas la nôtre qui permet l’exécution des innocents et qui reconnaît sans conteste la culpabilité d’un homme qui a fait son devoir. Remarquez que le résultat a été atteint, mais à quel prix ! les paysans délivrés, leurs droits reconnus, c’est le jeu normal de la machine que ce sacrifice de l’homme qui a appelé l’attention sur des crimes reconnus exacts. Tous les Japonais sont enflammés d’admiration pour Sogoro et rêvent de l’imiter, ce qui est très beau et d’une moralité très supérieure à la sauvagerie de l’exécution. Comment concilier cette contradiction, la pureté de cette idée de sacrifice de soi avec la rigueur inhumaine de la loi ?

Il y a une séquelle à cet Évangile de Saint Sogoro, probablement pour rétablir l’équilibre et venger le sentiment moral outragé. On raconte que Sogoro et sa femme apparaissant continuellement dans la maison du méchant seigneur, la femme de celui-ci en meurt d’effroi (encore une victime innocente) et que lui-même finit par devenir fou. Le livre abonde du reste en détails qui prouvent que la manière de juger des Japonais diffère totalement de la nôtre.

Il y a une certaine histoire de vol au commencement du livre où c’est le volé qui est réprimandé par